Item 1 of 4

Archive
56 min
Québec, 1974

Production : ONF / NFB
Français

Société



Résumé


Documentaire dressant une histoire impressionniste des femmes du Québec à travers les âges. En explorant les métiers féminins d’hier à aujourd’hui, le film montre chez la femme actuelle, travailleuse et mère de famille, l’exploitation de ses qualités traditionnelles et sa dégradation jusqu’à la femme-objet.

L'avis de Tënk


« On fait toutes parties de la petite histoire, mais je commence à me demander si elle est si petite que ça. »

L’historiographie a vu émerger de nombreux courants depuis les années 70 qui ont contribué à sortir de l’hégémonie (et du fantasme) d’une histoire des vainqueurs. De l’histoire sociale à l’histoire des émotions en passant par la microhistoire, les groupes minorisés ou opprimés ont peu à peu trouvé une place dans l’écriture de l’histoire. Ainsi, en 2022, cette phrase tirée de l’œuvre-phare de Anne Claire Poirier semble une évidence. Qui doute, aujourd’hui, de la place des femmes dans l’histoire de l’édification de notre nation?

Mais en 1974, au Québec, seulement 33 % des femmes participent à la main-d’œuvre active. Les membres des Premières Nations peuvent voter depuis à peine cinq ans. L’avortement est encore illégal (Henry Morgentaler sera condamné à 18 mois d’emprisonnement) et le nombre de cinéastes femmes se compte sur les doigts d’une main. Les femmes étaient encore considérées comme des citoyennes de seconde classe, et leur représentation était ou stéréotypée, ou absente.

Quand Anne Claire Poirier réalise Les filles du Roy, troisième film de la série En tant que femmes, qu’elle produit au sein de l’ONF, elle défriche donc du territoire. Certes, sa narratrice s’adresse à un homme. Certes, on croirait que chaque parcelle de sa libération, elle les revendique par amour pour lui. Mais plus le film avance, plus le présent remplit les interstices de l’histoire, plus on se prend à rêver qu’elle s’émancipe de ce destinataire invisible. Et quand les femmes se mettent à parler entre elles, enfin, les chaînes tombent, et l’histoire peut commencer.

 

Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk

 

 

Item 1 of 4
Item 1 of 4
Item 1 of 4

Item 1 of 4