On associe souvent la musique des années 1980 au glam et aux synthétiseurs. Desolation Center rappelle qu’il existait à Los Angeles, dans la première moitié de la décennie, une importante scène underground punk rock, qui était à mille lieues de la pop bonbon qui inondait les ondes radiophoniques.

En toute illégalité, les organisateurs du Desolation Center conviaient musiciens et fans à se réunir dans le désert, à quelques heures de L.A., pour assister aux concerts impromptus de légendes locales, dont ceux des groupes Minutemen et Meat Puppets. En 1984, la prestation insolite d'Einstürzende Neubanten, formation allemande pionnière de la musique industrielle, impressionne autant les musiciens présents que le public.

L'année suivante, Perry Farrell, fidèle spectateur de ces concerts, y joue avec Psi Com, son premier groupe. Le futur leader de Jane’s Addiction gardera cette expérience en tête au moment de créer le mémorable festival Lollapalooza, en 1991. On pourrait même avancer que les événements organisés par Desolation Center participeront à la naissance du grunge à la fin des années 1980.

Ode à la témérité artistique et à l'excentricité créative, Desolation Center illustre la distance qui nous sépare aujourd'hui de ce monde moins rigide. La leçon de liberté que contient le film pourrait être fort utile en ces temps de fatigue culturelle et collective.

Jean-Philippe Desrochers
Critique