Une réflexion poétique et délicate sur les notions de trace et de mémoire. En suivant la documentation photographique en noir et blanc d’un train qui traverse de magnifiques paysages ruraux taïwanais, Huang Pang-Chuan nous amène à nous questionner sur les souvenirs liés au banal. Le geste photographique capte paisiblement les espaces tandis que la narration intervient pour poser une question bien précise, soit : « Que faisiez-vous l’année dernière, quand j’ai pris cette photo depuis un train passant devant chez vous ? » Les habitants s’interrogent sur leurs souvenirs : sont-ils réels ? Sont-ils fantasmés ? Ou sont-ils simplement inexistants ? Les mouvements de locomotion et les bruits des transports font écho au temps qui passe, aux évidences que l’on laisse derrière nous et au banal qui, lui, ne laisse souvent aucune trace. Sans détour, les rails du train nous mènent directement à réfléchir sur l’essence de notre existence.

Émilie Poirier
Responsable des courts métrages, Festival du nouveau cinéma