
Impetus
Jennifer Alleyn, 2018


Entre fiction et documentaire, New York et Montréal, Impetus est une réflexion sur la création mariant l’essai poétique et l’autofiction. C’est aussi un film sur un film en train de se construire sous nos yeux. Empoignant sa caméra-stylo, sous l’impulsion d’un conseil donné par Michel Brault, la cinéaste Jennifer Alleyn cherche à se remettre en mouvement après une rupture amoureuse. Avec un scénario en poche, un alter ego masculin et un budget trop limité pour ses envies, elle vivra une aventure créative nourrie au vivant rencontré sur le chemin.
De l’art du montage
Une cinéaste cherche son film. Sous quels traits se dévoilera cette œuvre en construction, changeant de forme sous les doigts magiciens d’une monteuse et la tête en ébullition d’une créatrice remise en mouvement ?
« C’est sûr qu’il y avait le film, mais il y a tout ce qu’on a vécu dans cette salle. Des nuits entières à faire de la narration, à rire. C’est toute cette aventure humaine qui a nourri le film. Emma [la monteuse] est une chercheuse, et moi, je suis une chercheuse. Donc, on était très bien, toutes les deux, dans la recherche. [...] Et c’est là où c’était magique. C’était de rencontrer quelqu’un avec qui, moi, je pouvais être aussi intuitive que je le serais si j’étais seule. »
Avec l’aide de sa monteuse Emma Bertin, elle trouvera son film en le faisant, jouant avec tous les matériaux recueillis : scènes de fiction, making of, extraits documentaires issus d’autres projets, journal de création…
« Pour une raison absolument difficile à nommer, toutes les deux, on se disait : ah oui, cette petite inflexion de voix, ou le truc du visage, ça nous paraissait tout à fait juste. Juste par rapport à quoi ? Je ne sais pas. Mais par rapport à ce film qu’on allait rencontrer, en fait. »
En résulte une œuvre inclassable, belle comme un poème, et inépuisable comme un tableau. « Un moment d’arrêt pour prendre le temps de voir ou de ressentir. »
