Parcours découverte

Le bouton de nacre

Le bouton de nacre

Le bouton de nacre

Patricio Guzmán, 2015

 

À travers son film Le bouton de nacre, le réalisateur chilien Patricio Guzmán utilise le documentaire comme un outil de recherche. Tel un archéologue utilisant la brosse pour déterrer des ossements enfouis dans le sol, Guzmán se sert de son film (les images qu’il capte, les sons qu’il enregistre, le montage qu’il en fait) pour déterrer des pensées, des souvenirs, et tisser de nouveaux liens entre ceux-ci. Une fois assemblées, ces différentes pièces lui permettent de forger un nouveau regard sur une réalité déjà connue. Ici, l’histoire de son pays natal : le Chili.


Transmission de la mémoire, vecteur de nouveaux discours

À l’inverse d’un cinéma où tout est planifié à l’avance, certains documentaires d’auteur ont la particularité de prendre vie au gré de leur création. Et leurs artisan·e·s, comme Patricio Guzmán, épousent entièrement cet aspect et l’intègrent au sein même de leur travail. Le film navigue ainsi à travers plusieurs éléments visuels et sonores disparates, rassemblés de manière parfois non chronologique, à l’image du fonctionnement de notre inconscient. Si l’être humain communique de manière linéaire; notre pensée, elle, ne le fait que rarement.

Cette non-linéarité permet à Guzmán de tisser des liens entre différentes mémoires, des documents d’archives, des paysages, des époques et des symboles, construisant un discours poétique spiralé et dense. Le spectateur, témoin de la réflexion dans son ensemble, est invité à en tirer ses propres interprétations, l’amenant à voir l’histoire du Chili sous un nouveau jour. 

Comme le dit si bien Beatriz Herrera, interrogée dans cette capsule : « En tant qu’artiste, il faut parfois trouver un moyen de recadrer la réalité pour inciter les gens à la regarder avec un regard neuf. » Cette artiste canado-chilienne illustre comment le nouveau regard, proposé par le film, nourrit un travail de transmission de la mémoire. L’approche en spirale de Guzmán lui permet de déterrer des archives et des souvenirs qui ne cadrent pas nécessairement dans le discours national mémoriel. Il crée ainsi un nouveau discours, ou du moins, permet son émergence.