En cette veille d’élections fédérales éclair, mises à mal par ces grands vents médiatiques soufflant du Sud et qui dissipent notre attention déjà fragilisée, l’élan politique au sein de la population canadienne se montre timide.

Entre des affiches électorales peu visibles¹ et des intentions de vote figées², nous pourrions être tentés d’y voir un système démocratique se déployant par formalité et sur le pilote automatique, n’étant au final que le reflet d’une société qui a déjà fait son choix. Si Serge Rousselle, constitutionnaliste à l’Université de Moncton et ancien procureur général du Nouveau-Brunswick, évoque « une campagne à l’américaine où l’électorat canadien est polarisé comme jamais entre [des] camps bien définis³ », nous avons été plusieurs à opiner du chef.

À cet égard, parmi la somme des données récoltées par les sondeurs des dernières années, une tranche d’âge attire inévitablement notre attention : la jeunesse. Ici, comme ailleurs, la droite attire de plus en plus de jeunes hommes. Ceux-ci délaissent la gauche où se campent plus fortement les femmes et les personnes non binaires. Le spectre politique de la génération Z étonne par les fractures qui la composent⁴, alors que cette disparité idéologique était généralement plus probante entre différentes générations, jeunes et moins jeunes. Cette réalité fait forcément état d’un mal généralisé, soit la pauvreté apparente de référents collectifs, encombrant notre habileté à se réunir autour de valeurs communes. Alors que le cœur de la génération Z a atteint l’âge de maturité où l’on se politise, des factions opposées naissent et prennent parole. La politique, désunie, laisse progressivement place à des politiques – plurielles, opposées et en mouvance. Pleins feux sur celles-ci.

Réunissant deux films de France, nous vous invitons à naviguer entre les deux extrêmes, ceux de gauche et de droite, via le prisme de jeunes hommes investis dans des camps opposés. La cravate, c’est l’histoire de Bastien, 20 ans, qui milite pour le Front national lors des élections présidentielles de 2017. Maël et la révolution, c’est le récit de Maël, apprenti révolutionnaire à la défense du climat.

Oasis nous transporte au Chili, à la suite d’une révolte populaire sans précédent, où le nouveau parti au pouvoir, plus jeune que jamais, décide de rédiger une nouvelle Constitution. K-Family Affairs, quant à lui, dresse le portrait d’une famille sud-coréenne politiquement engagée, via le regard de sa plus jeune, illustrant au passage, les élans politiques qui marquèrent l’histoire récente de son pays.

Enfin, Un village en résistance s’écarte du cadre de la jeunesse à proprement parlé pour évoquer ce qui nous rajeunit : l'espoir. Sous l’impulsion d’un maire rassembleur, une communauté du sud de l’Italie résiste à la réalité implacable de l’extrême droite de Matteo Salvini, qui a fait de ce village « dissident » l’une de ses bêtes noires.

Jason Todd
Directeur artistique et co-directeur général par intérim

Offrir ce film