« Il y a trois ans, mon cousin était bloqué en Grèce avec d’autres migrants. À l’époque, il n’avait pas encore décidé d’abandonner et de retourner en Iran. À l’époque, il était encore vivant. »

Dans cette chronique d’un quotidien où l’attente suffoque tranquillement l’espoir, Mohsen, le cousin du cinéaste, ainsi que quatre autres hommes, une femme et un adolescent vivent dans un temps suspendu. Ils ont quitté leur pays d’origine laissant tout derrière eux, en quête d’une nouvelle vie, d’un ailleurs meilleur. Ils sont de passage dans cette cave vétuste et sombre d’Athènes aménagée en appartement, leur refuge de solidarité. Le soleil qui peine à traverser l’antichambre révèle jour après jour les mêmes ombres du désespoir. Mais si le cinéaste traite de l’immigration de manière ontologique, plaçant l’humain au cœur de son récit, captant les incertitudes, les peurs et l’anxiété de ces migrants clandestins, il saisit avec autant d’attention et de respect les rires, la complicité et la tendresse qui les unissent. C’est qu’il cherche justement à rendre visible cette humanité, avant tout. La Grèce n’est pas ici la destination touristique tant rêvée. Ni bercail ni patrie, elle est escale, un non-lieu désertique où se croisent des destins égarés à la recherche de nouvelles routes. Et le film se présente comme le seul territoire réel qui rend compte de leurs existences oubliées.

Nadine Gomez
Cinéaste

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