L’intention, ici, est claire. Limpide et concise. D’une simplicité qui pourrait quasiment tendre la joue aux critiques la jugeant simpliste tant sa trajectoire est épurée. Mais détrompez-vous. Mulder fait rapidement sentir sa maîtrise du langage cinématographique, lui qui défend une feuille de route hautement singulière, et arrive aisément à pourfendre les mauvaises langues. À cet égard, c’est son habile, mais subtil jeu de montage qui permet de transcender son support filmique épuré. Ce sont des séquences issues d’un quotidien sans éclat qui guide notre regard et qui pose, brique par brique et sans trop se faire voir, les fondations sur lesquelles notre empathie vient rapidement se poser. C’est franchement une œuvre tendre et bouleversante qui vous attend.

Des caméras GoPro, accrochées à même les colliers de chiens domestiques, se transforment – de par la pureté du procédé – en véritables vecteurs d’empathie. En permutant notre point de vue à celui de ces amis canins, l’immersion est complète et assurée. Un lien émotif est créé en à peine quelques plans. Mais le cinéaste va plus loin. Ces chiens sont hautement intelligents. Ils sont sensibles et aimants. Leur regard est complexe et lucide; ils comprennent les rouages de leur environnement. Les choix de plans de Mulder, précis et sans détour, nous permettent de le comprendre avec une telle force de frappe que ça saute aux yeux. Ainsi, lorsque les premiers feux d’artifice se font entendre et que le cadre se met à trembler, traduisant dans l’immédiat le stress de l’animal, impossible de ne pas partager l’impuissance de leurs maîtres — à genoux sous la table, inquiets et désemparés — tentant de calmer la frayeur qui les empare.

Jason Todd
Directeur artistique
Tënk

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