Résumé
Une réflexion sensible et personnelle qui interroge la manière dont les hôpitaux pensent les espaces de soins pour les plus vulnérables. Racontant son histoire personnelle de jeune fille ayant passé son enfance dans des centres de rééducation aux côtés de son père gravement handicapé, la co-réalisatrice confronte ses souvenirs traumatisants à l’expérimentation exceptionnelle développée au REHAB de Bâle par les architectes suisses Herzog & de Meuron. Proposant des traitements hautement spécialisés pour les handicaps physiques et neurologiques, cet hôpital est devenu un modèle du genre grâce à son approche holistique de la réadaptation abordant avec le même niveau d’attention les soins physiques et le bien-être mental.
L'avis de Tënk
Qu’est-ce que la forme d’un film (d’un bon film, d’un film marquant, s’entend)?
Qu’est-ce que la forme de ce film-ci, Rehab (From Rehab)?
Tentative de réponse à la première question : un réseau de sens? Un déjà-là qui pourtant déjoue nos a priori? Une expérience, donc, de l’altérité…
À la seconde question : une familiarité déjouée? Voilà : dé-jouer, défaire et se défaire de façon ludique. Comme un parcours dans un boisé familier, dont les sentiers nous sont connus, mais dont la nature vivante nous réserve toujours des surprises (jouer!). Oui, il est bien question dans ce film de nature vivante (curiosité de la langue française, il existe(rait) des natures mortes). Question aussi de parcours : celui des cinéastes parcourant l’espace et des soigné·e·s réapprenant à s'y mouvoir. Car c’est vraiment sous le prisme de cette mobilité, qui n'est plus prise comme acquis (déjà-là), que s’exprime tout le génie des architectes ayant conçu ce lieu de soin, et des cinéastes, à même d’en dévoiler la complexité.
Et de là peut émerger une séquence de jeu dans l’espace tout à fait renversante (littéralement), où les gens ne font plus que marcher, mais danser!
Et avec la cinéaste qui a passé son enfance dans des centres de réhabilitation, accompagnant son père lourdement handicapé, on en vient à penser/panser de grands mots/maux… Comme cette nature — non plus morte, mais vivante.
Emmanuel Bernier
Responsable des acquisitions chez Tënk