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154 min
Québec, 2018

Production : Cinema Belmopan, División Del Norte
Espagnol
Français, Anglais

Société



Résumé


Un mal insaisissable s’est emparé du Mexique. Il y a vingt ans, des cris de jeunes femmes résonnaient au nord du pays, victimes d’une fureur misogyne sans précédent. Derrière les volcans de la capitale, des centaines d’autres ont subi le même sort au cours des récentes années. Ailleurs, des paysans, des étudiants comme de simples voyageurs disparaissent sur les routes alors que plusieurs journalistes tombent sous les balles. Le climat d’impunité ouvre la porte à toutes les dérives et la terreur gagne le pays tout entier. Certains élèvent la voix, dénoncent et enquêtent alors que d’autres, armés de pelles et bravant les guets-apens, s’aventurent à la recherche des disparus. À force de témoigner et de fouiller, la vérité émerge peu à peu. Soleils noirs dresse le panorama de plusieurs régions du Mexique alors que le phénomène des disparitions forcées prend des proportions toujours plus inquiétantes. Le film, divisé en six chapitres, donne la parole à une multitude de personnages, souvent à la fois témoins et victimes, qui assistent presque impuissants à l’embrasement du pays. Ils sont journalistes, avocats, mères de disparus ou encore militants des droits humains. Plusieurs d’entre eux doivent se cacher et vivre dans la clandestinité pour échapper aux menaces qui pèsent. Au Mexique, la mort rôde et la peur s’invite partout.

L'avis de Tënk


« C’est une histoire d’horreur absolue. »


Une courte phrase prononcée après 1 h 35 de film. Une phrase éculée, presque banale, prononcée sans emphase, sans attendre de réaction particulière. Dans ce film-fleuve qui dessine point par point une constellation du mal, le réalisateur nous entraîne en effet dans « l’horreur absolue ». Depuis les années 60, un cycle de violence s’est enclenché au Mexique et ne cesse de prendre de l’ampleur. De la répression des groupes de gauche à la guerre pour le contrôle de la drogue, en passant par une flambée de féminicides, la violence a tout embrasé. Julien Élie cartographie dans le temps et dans l’espace l’ampleur du brasier désormais incontrôlable. Attisée par l’impunité et par la complicité de toutes les sphères de l’État (les paliers judiciaires, politiques et exécutifs sont rongés jusqu’à la moelle par la corruption et la complicité assassine), la violence désarçonne par son inhumanité et la cruauté sans borne qu’elle nourrit. On tue et on démembre des femmes, parce que c’est possible. La rationalité des crimes est largement dépassée et on entre dans une dimension parallèle où des réseaux de tueurs peuvent être dirigés par des militaires, où des femmes racontent à la caméra le moment où l’on a retrouvé les restes - torse, os, crâne - de leurs enfants, et où des gouverneurs font assassiner des journalistes tout en contrôlant les enquêtes.


Le cas mexicain est complexe et tire ses racines dans une histoire particulière tissée d’injustices, de répression politique, de néolibéralisme, de machisme et de pauvreté. Mais il questionne avec éclat la nature du mal : sans crainte de conséquences, est-ce que les êtres glisseraient vers la barbarie ? Comment faire pour s’extirper du cycle de la violence, quand l’État est complice ? Quel genre de « démocratie » peut tirer profit d’un tel chaos ? La seule lueur d’espoir qui émerge, ce sont les femmes qui, à la manière des abuelas de la Plaza de Mayo n’ont plus rien à perdre et dont la volonté de justice les anime d’une force inouïe. Elles ont des regards dont l’humanité n’a pas été éteinte par le mal, et c’est par cette brèche que la lumière finira par entrer.


De 2006 à décembre 2020, 80 517 personnes ont été signalées disparues au Mexique. Ces chiffres ne représentent qu’une portion des disparitions…

 

 

 

 

 

Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk

 

 

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