Résumé
Au cœur du Plateau Mont-Royal, Roger Toupin tient une épicerie de quartier au décor anachronique, un club social improvisé où se rencontrent des gens qui portent, sans trop s’en rendre compte, la mémoire vivante d’un temps révolu. Le film témoigne de façon sensible et attachante des derniers moments d’existence de ce lieu unique.
L'avis de Tënk
Ce film a marqué le début de ma carrière de cinéaste et de directeur photo en documentaire. C’est un film que je connaissais par cœur. La grande qualité d’un directeur photo en documentaire n’est pas que de regarder, mais d’être capable d’écouter, pour mettre au clair qu’il se dégage une présence délicate et respectueuse de l’équipe. D'apprendre le respect des silences; apprendre que le cinéma documentaire est un art collectif. D’ailleurs, une formidable équipe a oeuvré sur ce film : Benoit Pilon à la réalisation, Michel La Veaux à la direction photo, René Roberge au montage et Luc Boudrias au son. Mais avant tout, il existe un personnage touchant et généreux, Roger Toupin, qui se raconte avec une authenticité désarmante, entouré de sa mère et de ses ami.e.s du quartier. Une panoplie de personnages si riches que l’un d'eux a fait l’objet du film suivant de Benoit Pilon : Nestor et les oubliés.
Il y a tout dans ce film. Il y a l’histoire du Québec, la famille et ses valeurs, mais aussi des drames. Le drame de nos aîné.e.s dans les CHSLD, le drame des orphelins de Duplessis, le drame de ces quartiers qui disparaissent avalés par la gentrification. Mais grand bien, Pilon a gardé trace de ce temps qui me manque tant aujourd’hui.
Christian Mathieu Fournier
Cinéaste