Résumé
Un documentaire divisé en douze parties (douze portraits) et tourné dans quatre villes différentes : Mumbai, Moscou, Mexico et New York. Toutes les personnes filmées ont pour point commun une vie précaire de laquelle elles essaient de se sortir pour ne pas être broyées par la mégapole qu’elles habitent. Un héroïnomane, un groupe de jeunes vivant dans les égouts, une mère de trois enfants travaillant dans un bar du quartier chaud, un éboueur dont le rêve est de devenir un joueur de football à succès et bien d’autres. Le film est le premier d’une trilogie sur les réalités marginales à l’échelle planétaire. Dans son œuvre, Michael Glawogger parvient à creuser avec sensibilité l’âme de personnes opprimées par le système dominant qui vivent heure après heure une lutte difficile pour la survie de leur corps et de leurs rêves les plus chers.
L'avis de Tënk
Le défunt cinéaste Michael Glawogger nous a légué, avec Megacities, une œuvre urbaine d’une rare puissance. Ces «12 histoires de survie» nous transportent de Mumbai à Mexico, en passant par New York et Moscou dans les années 90, en pleine apogée de ces villes monstres qui apparaissent comme une grande roue qui avale tout sur son passage. Grâce à un fin travail de mise en scène et à des astuces narratives assumées, le film nous fait cadeau d'une véritable dramaturgie documentaire, recueillant autant des « adresses caméra » qui énoncent les conditions de vie exigeantes des résident.e.s, que des apartés poétiques où se côtoient des désirs enfouis et des observations lucides et sans fard. Megacities est quelque chose comme une fable aux allures dickensiennes. Avec le premier opus de ce qui deviendra sa trilogie sur la condition humaine mondialisée, Glawogger pose un regard frontal sur l’asservissement à la vie urbaine; sur les humains qui exploitent les ressources jusqu’aux dernières pulsions de vie. «L’absurde est un patrimoine culturel de l’humanité», dicte d'ailleurs un lutteur mexicain à un typographe ambulant. Et aucun absurde ne résiste au réalisateur et à son équipe.
Certaines scènes sont difficiles à voir, mais Glawogger a fait le choix, crucial à son époque, de montrer ce que l’on refuse trop souvent de regarder.
Nadine Gomez
Cinéaste