Résumé
Les aphorismes les plus noirs et les plus futés de nos temps sont salués dans cet amusant travelogue serbe détaillant comment les citoyens usent du langage pour critiquer et résister à la folie de la politique. Un film d’essai fascinant dans la tradition de Chris Marker et Jean-Luc Godard, future référence sur la pensée intellectuelle, la résistance et l’histoire des Balkans.
L'avis de Tënk
Dans cet essai documentaire, à l’esprit de Chris Marker, Boris Mitić arpente son pays, la Serbie, en quête de fragments de lumière dans un vaste quotidien sans éclat. « Why shouldn’t we be proud of our past when each new day is worse than the previous one ? » Quand l’espoir n’y est plus, l’aphorisme satirique ludique s’impose comme refuge temporaire de cette vie aux lendemains déjà abîmés. Redoubler d’inventivité, d’humour, de style pour résister, pour critiquer et pour faire face à l’absurdité du quotidien. Les aphorismes serbes se manifestent partout, sur des affiches, dans la rue, sur les devantures de commerces, sur des bulletins de vote. Le cinéaste collecte ces images absurdes et surprenantes pour en faire un collage audiovisuel qui constitue en lui-même un aphorisme cinématographique. En résulte un étrange objet, à la fois apaisant et excitant, orné de moments cocasses, d’où émane une poésie à travers ces petites vérités tordues inventées par les Serbes pour se maintenir en équilibre dans ce monde à l’envers.
Khoa Lê
Cinéaste