Résumé
Johnny croit en l’avenir de l’Afrique. Il vit en Israël, mais rêve de retourner au pays avec des techniques modernes de pisciculture. Sa femme, Thérèse, a peu d’espoir qu’ils réussissent quelque chose là-bas. Elle est déterminée à créer le meilleur futur possible pour leurs enfants, quel qu’en soit le prix. Quand leurs visas arrivent à expiration, la tension monte entre les deux et conduit à une inévitable confrontation.
L'avis de Tënk
Une image peut passer inaperçue dans ce beau et sensible portrait d'un jeune réfugié ghanéen coincé en Israël à la recherche d'une vie meilleure. Elle est le sous-texte d'une réalité effrayante. L'image apparaît plusieurs fois lorsque Johnny se rend dans une ferme piscicole pour apprendre les techniques d'élevage du poisson. En conduisant, il met une Yamaka (petite casquette portée par les Juifs) – non pas car il est Juif, mais plutôt comme déguisement. Ainsi, la police pensera qu'il est un Juif éthiopien et il ne sera pas arrêté sur l'autoroute et déporté. Johnny craint de se faire attraper par les autorités avant d'avoir pu apprendre une technique qui, selon lui, le ramènera en Afrique vers la vie qu'il souhaite mener. De généreuses personnes viennent à sa rencontre, croyant en sa détresse et en ses rêves. Il veut faire sa vie au Ghana. Alors qu'il est pris en Israël pour soutenir sa famille, tout ce qu'il veut c'est de rentrer. En cours de route, il noue des liens significatifs, même s'ils sont fondés sur un déséquilibre social dramatique. Contrairement à Johny, sa femme Thérèse ne voit guère d'espoir dans son pays. Elle est déterminée à créer le meilleur avenir possible pour leurs enfants, quel qu'en soit le prix.
La réalisatrice Emmanuelle Mayer suit Johnny et sa famille pendant dix ans et saisit la détresse et les tensions. Le portrait sensible est plein de nuances et d'empathie; l'intimité et la confiance créées entre elle et ses personnages transparaissant dans chaque scène.
Alors qu'un gouvernement d'extrême droite est élu en Israël, où les politiques anti-immigrants et le racisme brutal ont pénétré le discours dominant, l'image de Johnny conduisant pour réaliser son rêve déguisé en Juif religieux est obsédante et terrifiante. En voyant ce film, on n'est pas surpris.
Danae Elon
Cinéaste