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Disponible en location
10 min
Ukraine, 2020

Production : Anna Diskant
Ukrainien de l'Est
Français, Anglais

Prix Spécial 2021 -Festival international du film documentaire de Jihlava, République Tchèque

Programmation spéciale Ukraine



Résumé


La Seconde Guerre mondiale a poussé la famille de la cinéaste à déménager à Marioupol. Les conséquences environnementales de l’exploitation de la centrale où ils travaillent et la guerre avec la Russie joueront un rôle clé dans leur vie future.

L'avis de Tënk


Territory of Empty Windows, tourné en 2020, s'ouvre sur des images d'archives montrant les ruines de Marioupol après les bombardements allemands de la Seconde Guerre mondiale. Le film suit ensuite le processus de reconstruction de l'usine sidérurgique détruite, Azovstal. Au cours des décennies suivantes, cette usine reconstruite est devenue d'une part le symbole de la renaissance économique de la ville, donnant du travail à ses habitant.e.s, mais d'autre part, une source d'émissions de fumées toxiques, empoisonnant toute la vie autour d'elle, y compris ses employé.e.s. Le film montre la mère de Zoya, une ancienne ouvrière de l'usine, qui lutte contre un cancer en phase terminale.

 

Avec ce documentaire, Zoya révèle la vie quotidienne autour de l'usine Azovstal. Elle capture des moments simples avec sa famille et ses animaux, avec amour et humour noir comme stratégie de survie. Dans l'une des scènes, la réalisatrice nous emmène en promenade avec son père et leur petit chien. Sur le chemin, son père rencontre des amis, ils partagent une tournée de vodka, plaisantent et discutent de la balle que le père de Zoya a dans la jambe depuis qu'on lui a tiré dessus alors qu'il marchait tranquillement dans la rue. 

 

Aujourd'hui, l'usine Azovstal est constamment bombardée et sert d'abri à un millier de civils et à la résistance de l'armée ukrainienne qui refuse de se rendre. C'est le dernier endroit de Marioupol qui n'a pas été capturé par la Russie.

 

Aujourd'hui, Zoya est confrontée au fait troublant que sa sombre vision cinématographique s'est transformée en une véritable horreur qui se déroule sous ses yeux. Elle écrit : «Dans Territory of Empty Windows, j'ai imaginé que tous les habitant.e.s de la ville sont en danger en raison de leur longue proximité avec la guerre. Dans l'une des scènes, on voit des tas de sable dans la cour de la maison qui ressemblent à des tombes. Aujourd'hui, dans la ville, il y a beaucoup de tombes dans les cours des maisons et sur les terrains de jeux, parce que les gens ont été enterrés là quand c'était encore possible de le faire. Ensuite, on a simplement laissé les cadavres gisant dans la rue». Une autre image saisissante de ce film est celle d'une plage jonchée de centaines de méduses rondes et brillantes, couchées et immobiles sur le sable. Cela me rappelle la scène de la chambre de sable dans Stalker de Tarkovsky, un film qui était une prophétie surréaliste de la tragédie à venir à Tchernobyl. 

 

Les cycles de violence et de mort qui se répètent sans cesse sont au cœur de l'œuvre cinématographique de Zoya. Alors qu'au cours des quatre dernières années, elle a documenté une réalité déjà douloureuse dans sa ville natale, je me suis demandée si elle était capable de continuer à travailler dans le contexte des événements actuels. Je lui ai demandé : «En quoi la dernière invasion vous a-t-elle changé en tant que documentariste (si c'est le cas) ? Avez-vous l'envie de reprendre votre caméra ? Ou plutôt le contraire ?» Elle a répondu : «Pendant un mois entier, j'ai pensé qu'une guerre à grande échelle avait tué la documentariste en moi. Mais après avoir passé quelque temps dans un endroit sûr en dehors de l'Ukraine, j'ai commencé à reprendre mes esprits et à penser à un long métrage. Pour moi, ce devait être mon dernier film sur Marioupol, un adieu à la ville pour des raisons personnelles. Le nouveau film sur lequel je travaille actuellement s'intitule Ashes settling in layers on the surface, un titre né d'une traduction du mot russe Kopot. Il s'agit de la fumée noire qui s'échappe des cheminées d'usine et des crématoriums. Comment pouvais-je savoir que cette métaphore cesserait bientôt d'être une métaphore ? J'utilise le support du film pour essayer de donner un sens à ce qui se passe. Je réécris le synopsis. En ce moment, c'est beaucoup plus facile pour moi qu'au début, mais je sais que je pleurerai beaucoup plus tard».

 

 

 

Kinga Michalska
Artiste plasticienne, cinéaste, éducatrice

 

 

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