Bien campé dans une démarche découlant du cinéma d’observation, à cheval entre un regard ethnographique et une étude sociologique aux accents méditatifs, Un jour de course est une œuvre vivante qui investit un lieu singulier bien à notre image, tout en faisant le pari d’exister sans pour autant justifier son existence au travers d’une hypothèse, d’un point de vue à défendre, voire même d’un constat à émettre.

Vibrant au rythme des motoneiges qui défilent devant une caméra fixe et éloignée, aussi attentive qu’étrangère, elle-même étant agrémentée d’un remarquable travail à la conception sonore, le film de Philippe David Gagné dresse le portrait d’un écosystème complexe, hautement codifié et qui vit selon ses propres règles. Étant davantage intéressé par les rouages internes de ce rituel moderne que par ses participants, le cinéaste nous rappelle à quel point des événements sportifs de la sorte, comme tant d’entreprises humaines au final, paraissent aussi absurdes pour certains qu’ils sont de véritables générateurs de sens et de cohésions sociales pour ses initiés.

Jason Todd
Directeur artistique
Tënk