Résumé
Doctorante et professeure à temps partiel, Marie-Philip aime les chats et Harry Potter. Mais une semaine avant sa fête de 29 ans, la jeune femme apprend qu’elle a le cancer du sein. Durant un an, sans fausse pudeur, nous l’accompagnons dans chacune des étapes tandis qu’elle se confie avec une honnêteté bouleversante. Une ode à la vie, au courage et à la résilience de toutes celles qui se battent quotidiennement contre la maladie.
L'avis de Tënk
Après avoir ébloui la planète cinéma avec ses trois premiers films, la cinéaste Geneviève Dulude-De Celles récidivait en 2023 avec le lumineux documentaire Les jours. Avec ce film, elle jette un œil plein d’empathie et de retenue sur le diagnostic de cancer du sein et le traitement de Marie-Philip, doctorante de 28 ans, presque 29. Mais c’est surtout la vie qui l’intéresse ici. Dès la séquence d’ouverture, en utilisant les propres images enregistrées par Marie-Philip sur son téléphone cellulaire, avec le son inégal les accompagnant, la réalisatrice plonge avec elle dans la détresse de sa première rencontre avec sa médecin traitante, enchaînant immédiatement avec un portrait à rebours de la jeune femme qui nous permet de la découvrir, en accéléré, d’aujourd’hui jusqu’à son enfance à travers d’autres images tournées sur son téléphone ou provenant de films de famille. Ce tour d’horizon crée un sentiment de sororité et de sympathie instantané, d’autant qu’elle vit tout cela durant la pandémie de COVID-19 qui apporte, on le devine, son lot de stress en soi.
Les témoignages enregistrés par Marie-Philip lui permettent de garder le contrôle sur ce qui lui arrive, mais aussi à la réalisatrice de respecter l’espace physique et mental de la jeune femme tout en encadrant narrativement son cheminement par des scènes et des images de mise en contexte qui donnent une poésie étonnante au film — moments de son quotidien, essai de perruque, images microscopiques de cellules cancéreuses et du système sanguin, arbres bruissant dans la nuit. Si Marie-Philip avoue ne pas vouloir parler de sa maladie en public, elle ne cache rien devant la caméra de la cinéaste ni devant son propre téléphone, ses hauts et ses bas, chaque étape de ses traitements, des injections à l’ablation de ses seins, mais aussi sa vulnérabilité, sa candeur et sa naïveté, ses fantaisies, son humour, ses craintes. Il résulte de tout ça une vérité qui fascine et qui agace, qui interpelle et qui choque, qui émeut et qui inquiète. Un concentré de vie, en une année de maladie et d’espoirs, dans tout ce qu’elle a de beau et tout ce qu’elle peut avoir de laid. D’essentiel, quoi.
Claire Valade
Critique et programmatrice
