Résumé
Née au sein de la communauté chinoise du Costa Rica, Nicole Chi Amén n’a jamais pu communiquer avec sa grand-mère Guián, qui ne parlait pas espagnol. Après le décès de celle-ci, la cinéaste entreprend un voyage en Chine pour retrouver ses racines et réinventer, à travers le cinéma, un dialogue qu’elle n’a jamais pu avoir.
L'avis de Tënk
Les langues nous relient, mais elles nous séparent aussi. Entre générations, entre continents, elles dessinent parfois des frontières invisibles au cœur même des familles. Comment dire l’amour quand les mots nous échappent? Comment transmettre une mémoire quand elle se heurte à l’intraduisible? C’est dans cet espace fragile, entre silence et héritage, que s’inscrit le film de Nicole Chi Amén.
Plutôt qu’une enquête généalogique ou un récit linéaire, la cinéaste compose une œuvre de traces et de résonances. Chaque geste filmé devient une tentative de rapprochement, chaque plan, un espace où se réinventent les liens interrompus par l’exil. Sa caméra saisit les détails du quotidien, les visages, les silences, pour dire ce que les langues ne peuvent plus porter.
Ce premier long métrage explore ainsi la transmission à travers l’absence, et révèle que l’identité ne se limite pas à une langue parlée, mais se construit aussi dans les vides, les failles, les malentendus. En filmant ce qui reste quand les mots manquent, Nicole Chi Amén nous offre une méditation sensible sur la mémoire diasporique et la possibilité d’un legs à travers le cinéma.
Miryam Charles
Cinéaste