Résumé
Ce premier film autobiographique est la chronique bouleversante d’une famille aux prises avec le déracinement et la maladie mentale. Karina Garcia Casanova décide de le filmer lorsqu’elle apprend le retour de son frère Juan au Québec après un séjour au Mexique, leur pays natal. Son objectif est clair dès le départ : il ne s’agit pas de constituer des souvenirs de famille, mais de faire un véritable film. Or, son projet prend une tournure dramatique lorsque Juan retombe dans les affres d’une dépression paranoïaque sans fin. Le cinéma devient ici un outil essentiel à la (re)construction de soi.
L'avis de Tënk
Karina Casanova Juanicas jette un regard courageux, intime et poétique sur les défis reliés à la santé mentale et au déracinement auxquels son frère et sa mère font face. Le voyage plonge le public dans une expérience bouleversante. Dès le début, la caméra révèle une relation délicate et fragile entre Karina, son frère Juan et sa mère Victoria, dévoilant lentement les relations entre elles et eux, puis les conséquences de l'émigration depuis le Mexique jusqu'au Québec. En résulte un portrait singulier et honnête du prix que sa famille a payé pour se déraciner de son pays natal tout en étant aux prises avec des défis reliés à la santé mentale. Où faut-il rejeter la faute? Comment trouver des réponses? Karina n'essaie pas de nous éduquer, elle nous invite plutôt à pénétrer le sujet avec elle. Elle permet au public, de manière poétique et dramatique, de vivre lentement l'expérience à ses côtés, comme si la caméra était sa seule rédemption pour affronter, comprendre et sauver ce qui reste. Avec une direction photo délicate et honnête, Karina crée une ligne narrative qui entremêle le temps et l'espace, le passé et le présent. Nous comprenons lentement sa recherche qui est sans jugement. Elle ne cherche pas de réponses; c'est la guérison qu'elle recherche. En résulte un voyage complexe et délicat, profondément cinématographique dans sa sincérité.
Danae Elon
Cinéaste