Résumé
Il s’appelait Henri Turcotte. Il a vécu toute sa vie dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Il a traversé l’existence à pas si légers, qu’il a failli disparaître sans laisser de traces. C’était un inconnu, un solitaire, un ancien planteur de quilles qui ramassait le vieux bois dans les ruelles. Il est mort dans la rue, lui qui marchait sans cesse. Les policiers l’ont pris pour un robineux. Ils n’ont pas cherché sa famille. Henri a failli être enterré dans une fosse commune. Il avait 76 ans.
L'avis de Tënk
Que ce soit dans ses documentaires ou dans ses fictions, Bernard Émond aime prêter l’oreille au silence, au sens qui en émane, et faire voir la beauté qui transcende les petites choses. Ainsi, l’histoire d’Henri Turcotte, un homme sans importance aux yeux du monde, avait tout pour émouvoir le cinéaste. Porté par le désir d’ériger une sorte de monument cinématographique à la mémoire du défunt, Émond met en scène la présence fantomatique de son personnage à travers différentes strates narratives : les témoignages de ceux et celles qui l’ont connu, une séquence suivant une artiste qui crée une sculpture hommage à partir d’objets lui ayant appartenu, le tout soutenu par une narration poétique lue par Pierre Falardeau dont Émond admirait la verve et la présence. Ce film, complètement fabriqué pour le cinéma, demeure néanmoins bien ancré dans le réel. Émond se positionne face à ses protagonistes « d’égal à égal », toujours avec un infini respect et une reconnaissance peu commune à leur égard. Tout au long de ce récit hybride, se dégage une forme de légèreté et de grâce qui tend à redonner sens à l’existence du disparu. Émond parvient ainsi à façonner le portrait lumineux et digne de cet homme simple, et à rendre son histoire bien vivante, touchante et universelle.
Pascale Ferland
Cinéaste, enseignante et programmatrice
Présenté en collaboration avec les