Résumé
Les membres de la Première Nation d’Attawapiskat, une communauté crie du nord de l’Ontario, ont été poussés sous les feux des projecteurs en 2012 lorsque le dénuement de la vie dans leur réserve est devenu un sujet de débat national. Dans ce documentaire, la réalisatrice abénaquise Alanis Obomsawin capte discrètement les histoires de cette communauté, mettant en lumière un passé de dépossession et d’indifférence de la part des pouvoirs officiels. Gagnant du prix Donald-Brittain 2013 du meilleur documentaire social/politique, il fait partie d’un cycle de films que la cinéaste a réalisés sur le bien-être et les droits des enfants.
L'avis de Tënk
Depuis plus de cinq décennies, Alanis Obomsawin, animée par un souci de pédagogie collective et une volonté de favoriser un dialogue social, construit une œuvre cinématographique revendicatrice d’une grande pertinence. Dans cet équilibre d’une force politique remarquable, ses documentaires donnent une voix plurielle aux peuples des Premières Nations et proposent un angle d’analyse essentiel, mais trop souvent évacué des médias traditionnels, ce qui participe à tronquer notre vision du monde…
Le peuple de la rivière Kattawapiskak offre une incursion dans cette communauté, permettant d’aller au-delà du bruit politique et médiatique ambiant. Avec délicatesse, empathie et respect, Alanis Obomsawin entre dans l’intimité de plusieurs habitant.e.s, montre les conditions de logements inhumaines dans lesquelles ils et elles (sur)vivent, et partage leur parole digne. Avec précision, la cinéaste déconstruit plusieurs mensonges et stéréotypes nocifs, tout en inscrivant leur situation contemporaine dans un historique de dépossession territoriale et d’acculturation. Révélant et critiquant les répercussions d’un colonialisme destructeur, cette œuvre militante demeure imprégnée d’amour et d’espoir…
Hubert Sabino-Brunette
Enseignant, programmateur