Résumé
Les sept mêmes paysages enregistrés durant deux années sont devenus une scène unique dépourvue des références sentimentales, symboliques ou politiques très souvent implicites à la peinture et la photographie; une scène plus proche de l’expérience d’être dans la nature et où la contemplation se charge peu à peu d’intrigues et souvent de menaces.
L'avis de Tënk
Avec ce film pas tout à fait documentaire, le subversif Robert Morin nous amène dans sa forêt, où les plans de quelques paysages se succèdent, se répètent, se ressemblent, tout en portant chacun l’unicité du moment. Cette observation lente du paysage en transformation nous fait réaliser la multiplicité des saisons ; non pas quatre, mais mille ! La nature ne connaît pas de frontières tranchées, tout y semble toujours en transition. Et bien que le film se concentre autour de sept paysages, la trame sonore est soigneusement développée. Chaque plan du film a nécessité sa propre création sonore, fruit d’un véritable travail de moine de la conceptrice Catherine Van Der Donckt.
Dans l’espace-temps créé par Robert Morin et ses collaborateurs, la nature se révèle dans toute sa subtilité, sa splendeur et sa violence. Cette œuvre peut être exigeante par son parti-pris formel. Elle est à des lieux du rythme effréné de notre consommation quotidienne d’images et de sons sur nos appareils hyper connectés. Ces 74 minutes offrent une salutaire détoxification. Sauf pour un moment précis, que je ne révélerai pas ici, qui fait l’effet d’une douche glacée. Robert Morin reste Robert Morin, même dans un film aussi contemplatif.
Christine Chevarie
Cinéaste
