Résumé
La cinéaste Jocelyne Saab donne la parole aux femmes palestiniennes, victimes souvent oubliées du conflit israélo-palestinien.
L'avis de Tënk
Les femmes Palestiniennes, tourné en 1974 par Jocelyne Saab alors qu’elle est encore reporter de guerre, devait initialement être diffusé sur une chaîne nationale de l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). Conçu dans un format télévisuel classique, le film est pourtant jugé trop militant et censuré avant même d’être finalisé. Il ne sera jamais diffusé, jamais tiré en positif, et relégué à l’état de copie de travail oubliée dans un placard, comme le rappelle Mathilde Rouxel dans un entretien avec Thomas Filteau autour de l’œuvre de Jocelyne Saab, La caméra comme une amie.
Ce geste de mise à l’écart incarne l’ironie violente d’un système qui prétend offrir la parole aux femmes tout en les réduisant au silence dès que cette parole dérange. Saab filme des femmes palestiniennes engagées, militantes, combattantes, étudiantes, qui refusent le statut de victimes passives et rêvent d’une nouvelle société. Le documentaire rend visible leur combat politique et intime, dans les camps, dans l’exil, à travers l’oppression coloniale et patriarcale. Il se veut un antidote au paternalisme orientaliste.
Aujourd’hui, la censure se transforme : les images sont invisibilisées, algorithmiquement effacées, commodifiées, doutées. Gaza est affamée. La libération de la Palestine n’est pas une option morale, elle révèle notre rapport à la justice. Si nous échouons à l’exiger, alors ce n’est pas seulement un peuple que nous abandonnons, mais l’idée même d’humanité.
Chantal Partamian
Cinéaste et archiviste