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121 jours
51 min
France, 1969

Production : INA
Français

Les films de Guy Gilles



Résumé


Dans une vieille ferme abandonnée en Ardèche, un jeune homme retrouve une cinquantaine de lettres ainsi qu’un cahier oublié. De retour à Paris, il découvre qu’il s’agit d’une correspondance amoureuse entre une jeune paysanne et un capitaine pendant la Première Guerre mondiale. Le film recrée cette histoire d’amour.

L'avis de Tënk


Les mots écrits sur le papier d’une lettre ou d’une carte postale connectent deux êtres dans deux espaces, ils parcourent une distance, traversent plusieurs villes, parfois des pays. Ces correspondances composent une mémoire, une mémoire matérielle que l’on retrouvera peut-être un jour dans un marché aux puces parmi des bibelots, dans un grenier poussiéreux ou encore, comme ce fut le cas pour Jean Vidal, dans le jardin d’une maison abandonnée, dans son village d’enfance en Ardèche. Jean Vidal la confia à Guy Gilles, personne toute désignée pour s’attacher à ce trésor, et s’y attarder. Parce que le cinéma de Guy Gilles est un cinéma de traces, de vestiges. Dans ses films, le recours aux photographies et aux cartes postales témoigne d’une trace persistante du temps, des gens, de leur empreinte, de leur passage, puis de leur absence.

Tourné un an avant son chef-d’œuvre Le clair de Terre, Vies retrouvées est un film sur le temps qui s’en va, qu’on aimerait arrêter ou retrouver, Gilles n’hésitant pas à citer Proust. Mais c’est surtout, à partir de cette correspondance amoureuse, une enquête, avec des indices et des interrogatoires: on cherche des documents administratifs, on arpente des lieux évoqués. Beaucoup ont changé, certains n’existent plus, des fantômes de lieux, détruits par la Seconde Guerre ou transformés par la modernité. Gilles et Vidal remontent le temps pour voir qu’il a bien changé et les images d’aujourd’hui s’entrechoquent avec les mots d’autrefois. L’enquête continue. On questionne les souvenirs qui s’estompent derrière les visages ridés ardéchois. Bientôt, plus personne ne se souviendra de Germaine, cette Parisienne venue finir ses jours seule, dans la ville des Vans, si ce n’était la quête de Guy Gilles et de son complice Jean Nadal. En se penchant sur les traces, Guy Gilles ne pose pas un regard purement mélancolique et nostalgique, non, par son action de cinéaste sur l’archive, il raconte le temps à travers la matérialité, il prolonge le passé pour mieux enrichir le présent. Les quêtes sont souvent animées par la curiosité, et une fois assouvie ou dissipée, il ne subsiste que la tendresse.

 

 

Samuel Cogrenne

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