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121 jours
8 min
France, 1970

Production : INA
Français

Les films de Guy Gilles



Résumé


Guy Gilles filme la vie de jeunes artistes âgés de 12 à 18 ans, et membres d’un cirque installé pendant deux semaines à la porte Maillot, à Paris. Entre répétitions en plein air et numéros d’équilibristes, le cinéaste capte la magie fragile de l’adolescence et l’élan de liberté que porte le rêve du spectacle.

L'avis de Tënk


Ce court film télévisuel, goutte d’eau de 8 minutes dans la filmographie fictive et documentaire de Guy Gilles, recèle pourtant la vertu des objets périphériques, en éclairant de manière oblique certains traits essentiels de son œuvre. Se penchant furtivement sur la vie des enfants et adolescents acrobates du cirque espagnol des Muchachos, seule école de cirque en Europe à l’exception alors de Moscou, le reportage se présente comme une généreuse saccade de gros plans sur les visages des jeunes qui énoncent tour à tour leur nom et leur position dans le cirque, et de captations de lieux et des performances. On retrouve ainsi dans ce reportage tout le vitalisme du cinéma de Guy Gilles, vitalisme au sens d’importance accordée au sujet filmé, vitalisme encore dans cette forme saisie au ras de la vie, lui rendant incessamment hommage à l’aide d’une image-instant révélant un sentiment proustien de l’existence cinématographique.

Mais c’est également par la présence infiltrée de Patrick Jouané, qui porte la narration en voix off du reportage et que l’on aperçoit dans quelques plans, que ce court film de Guy Gilles révèle plus qu’il n’y paraît. Véritable « modèle » de Guy Gilles, Patrick Jouané agit dans la filmographie du cinéaste tel un baromètre de ce temps qui passe, cher à ses obsessions. Sa présence ponctuelle de même que son vieillissement à l’écran engagent la temporalité mais encore l’amour prégnant des relations artistiques longues (Gilles a pu comparer sa relation à Jouané à celle de Truffaut et Léaud). La présence en pointillé de l’acteur dans ce court film n’est pas non plus sans convier aussi une certaine mélancolie. De fait, Le cirque des muchachos présente les acrobates selon une gradation d’âge, allant de l’enfance à l’adolescence. La vie des jeunes personnes, d’abord plus foncièrement montrée en fonction des individualités propres, tend peu à peu à se faire agent d’une conscience plus vaste, ce qu’appuie la tonalité sentimentale de la musique. On sent progressivement poindre une distanciation tendre et attentive au passage littéral de l’enfance à la puberté, et plus largement au temps saisi comme mouvement, tel que le montage en décline plusieurs figures juxtaposées (sauts, voltiges, acrobaties, prouesses animées, pas qui s’avancent, voiture traversant le champ).

 

Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue *Hors champ*

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