Résumé
Souvenirs et réminiscences marquent le passage d’une jeune femme sur les terres de son enfance.
L'avis de Tënk
Une vache est sacrifiée dans les paysages désolés de l’enfance. Une jeune fille devenue femme revisite la scène primitive de laquelle elle est encore prisonnière, tente de s’affranchir de son fardeau. Les comptines naïves se muent en ritournelles lancinantes, et les petites filles sourient malgré les grondements sourds portés par la terre.
Est-ce que les petites filles sont condamnées encore pour longtemps à découvrir, en même temps que leur puissance, la menace que constitue leur simple présence ? Est-ce qu’il est long encore, le temps qui donne le droit de marcher dans son propre chemin, d’arpenter le sol de façon décidée, sans regarder derrière pour voir si l’on est suivie?
Claudie Lévesque livre, avec cette première œuvre aux allures « brontë-esques », une ensorcelante déclaration de puissance féminine. En se plaçant résolument du côté des petites filles, elle transforme le regard tout-puissant de la caméra en témoin de biais, impliqué comme malgré lui. Dès lors, impossible de nier ce qui est advenu; Lévesque responsabilise l’acte de regarder. Une œuvre chargée de symboles qui s’inscrit dans la longue lignée des femmes qui ont subverti l’acte cinématographique et ont transformé le spectacle en rituel magique de repossession du monde.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk