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5 jours
92 min
France, 2017

Production : Studio Shaiprod, Studio Orlando, TV Tours
Marwari
Français, Anglais

Les films de Cédric Dupire et Gaspard Kuentz



Résumé


Autour d’un austère autel de briques perdu au milieu du désert tel un radeau à la dérive, le festival de Panchwa (Rajasthan, Inde) est une porte ouverte sur l’au-delà, une célébration au cours de laquelle les gitans Kalbeliya dialoguent avec leurs morts. S’ils viennent y célébrer le Roi de Panchwa, leur héros enterré ici, ce festival est aussi le moment privilégié du déploiement de l’imaginaire Kalbeliya. Déesses et esprits guerriers en tous genres viennent s’incarner dans les corps des médiums, alors que fantômes et revenants prennent de force ceux de gens du commun, au milieu d’un tourbillon de danses, de musique et d’offrandes. Prends, Seigneur, Prends propose une immersion au cœur de cette fête habitée par le sang, la chair et les flammes.

L'avis de Tënk


Prends, Seigneur, Prends est une œuvre qui littéralement nous traverse, laissant dans l’après-coup du voyage, nos corps et nos esprits à jamais transformés par cette impression d’avoir accédé à d’autres dimensions, d’autres mondes.

De film en film, Dupire & Kuentz ont su développer, avec beaucoup d’intelligence sensible, une approche cinématographique extrasensorielle nous proposant de véritables plongées ethnographiques à travers le ressenti. Ici, une immersion fascinante dans la culture et la spiritualité des Kalbeliyas, peuple nomade du Rajasthan.

« Nous, gitans, sommes toujours en mouvement, et les fantômes de même » nous révèle un homme juste avant que ne débute notre immersion au coeur des festivités. Le film agit comme vecteur de ces mouvements, rendant palpable cet entrelacs de vibrations visibles et invisibles où les corps se font à la fois réceptacles et échos des esprits et des mémoires ayant habité cette communauté. Il est question de non-dits, de destinée, de deuil et de renaissance miraculeuse dans ce dispositif d’expression où les conflits internes semblent enfin trouver une voie de passage. Sans chercher à expliquer – on toucherait ici de toute façon assez rapidement aux limites du langage –, les cinéastes nous font vivre dans la durée l’expérience mystique de ce huis clos à ciel ouvert où les transes se succèdent, autant mystérieuses que révélatrices des souffrances et des espoirs qui habitent ce peuple.

Du cinéma comme une invitation à vivre une expérience nouvelle nous reconnectant au monde, perçant des brèches qui laissent se loger en nous de nouvelles compréhensions de la vie. Et c’est là que réside la grandeur du film, dans sa capacité à rendre tangible l’invisible, à révéler sans énoncer, à nous suspendre un instant pour nous laisser être traversé par l’altérité. Une expérience qui, à la manière d’un rituel, ne s’explique pas mais plutôt se vit, dans un abandon total aux forces qui nous entourent et qui nous lient, au-delà du visible.

 

Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk

 

 

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