« L’école, c’est pas pour tout le monde ». Au détour d’une scène de Château rouge, cette phrase lâchée par un élève du collège Georges Clémenceau, dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris, touche droit au cœur. L’école publique est peut-être par principe un haut lieu d’égalité, mais c’est dès l’adolescence qu’elle peut instiller dans les esprits le sentiment de solitude, d’exclusion. Comment ne pas être bouleversé?

Fruit d’un travail d’observation remarquable, dans la plus pure tradition du cinéma direct, Château rouge – découvert dans ce coffre aux trésors qu’est l’ACID, sélection parallèle du Festival de Cannes - est de ces films qui, derrière son apparente simplicité, regorge en réalité de réflexions, de nuances, de richesses.

Alors que les élèves doivent, durant une année cruciale, décider de leur orientation, ils se heurtent également aux limites de leurs rêves et au déterminisme honteux de vivre dans un quartier défavorisé, tout en gardant dans leurs sourires une foi dans l’avenir saisissante. Avec une sensibilité folle, refusant tout jugement et tout manichéisme, la cinéaste Hélène Milano signe là un film aussi immersif qu’attachant, se tenant au plus près de ces jeunes et de leurs professeurs pris au cœur d’un système qui n’a que peu d’options à leur offrir.


Helen Faradji
Directrice de la programmation
Festival de cinéma de la ville de Québec