Résumé
La réalisatrice, Marcia Tambutti Allende, souhaite rompre le silence entretenu autour du passé tragique de sa famille. 35 ans après le coup d’État qui a renversé son grand-père, Salvador Allende, premier président socialiste élu démocratiquement, elle estime qu’il est temps de retrouver les souvenirs familiaux, les images de leur vie quotidienne qui leur a été arrachée. Un passé intime qui lui est inconnu, enterré sous la transcendance politique d’Allende, l’exil et la douleur familiale. Après plusieurs décennies de non-dits, Marcia essaie de dresser un portrait honnête, sans grandiloquence, prenant en compte la complexité de pertes irréparables et le rôle de mémoire sur trois générations d’une famille blessée.
L'avis de Tënk
« C’est une belle histoire, mais c’est une histoire vraie, et elle se termine par une tragédie. »
Comment évoquer les souffrances individuelles d’une histoire publique ? En cherchant à délier - avec acharnement - la mémoire de sa famille, la petite-fille d’Allende se heurte à un silence obstiné. Alors que certains de ses cousins partagent son besoin de savoir, d’autres se murent dans la même myopie. C’est qu’aborder la mémoire privée d’un tel personnage revient à déboulonner un mythe : ramener de l’humanité chez un homme devenu archétype de l’histoire de la gauche. À qui appartient son histoire ?
Mais il y a plus qui s’exprime : le suicide de la fille d’Allende suite à l’exil, l’infinie douleur d’un rêve charcuté, la violence de la dictature. Marcia Tambutti Allende fait preuve d’un courage immense, plein de maladresse et d’amour, en s’attaquant aux tabous tenaces qui tenaient sa famille dans un mutisme douloureux et figé. Ce sont les photos et vidéos de famille qui finissent par fissurer le silence, libérant une parole salutaire et permettant enfin à la famille d’amorcer un travail de deuil collectif sur des fantômes qui les aura hantés individuellement.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
