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102 min
Belgique, 1997

Production : Qwazi Qwazi Films
Français
Anglais

Humour



Résumé


Un ciné-journal drolatique pas tout à fait intime ni outrageusement public. Après avoir été vérifiés, décortiqués, polissés et calibrés, vos yeux découvrent un inénarrable tableau et quelques figures d’un indicible pays. Le tableau c’est Paysage avec la chute d’Icare peint par Pieter Brughel vers 1555. Le pays, c’est la Belgique. Entre les deux, un réalisateur, des chômeurs, des psychanalystes, des philosophes, des présidents de partis, un premier ministre, se questionnent assidûment sur un sujet: qu’est-ce donc que regarder? Docte question aux multiples ramifications à laquelle le film veut répondre simplement et avec la complicité d’un invité d’honneur : Icare en personne.

L'avis de Tënk


Qu’il est intéressant de regarder un film de 1997 qui traite de notre rapport aux images. Si la physiologie de notre œil n’a sans doute pas beaucoup évolué depuis, tout ou presque a bougé autour de lui. En 1997, on commence doucement à s’habituer à la diffusion en continu des images du monde par les chaînes d’information, mais l’Internet n’a pas encore pénétré nos vies en profondeur. On ne se soucie pas encore vraiment de réalité augmentée, ni de deep fakes, ni d’images générées par l’IA. Parler alors de trahison des images en montrant une archive de Magritte nous expliquant que l’image d’une pipe n’est pas une pipe, ou se demander si l’image d’un génocide est un génocide, correspond à une époque où il commence à être urgent d’ébranler notre foi en l’image, en particulier celle qui cherche à représenter le réel.

L’écologie médiatique de 2023 n’est clairement plus celle de 1997, et pourtant le film de Claudio Pazienza reste, étrangement, très actuel. La foi dans les images n’a pas faibli, mais la méfiance qu’elles suscitent s’est exacerbée. Cette dichotomie contemporaine entre foi et méfiance mérite à elle seule de (re)voir le passage du film dans lequel une psychanalyste propose à Pazienza de « poser ses armes » s’il veut voir réellement, c’est-à-dire d’en finir avec les parasites extérieurs qui brouillent son regard. C’est à ça que servait en 1997 de faire – et de regarder en 2023 - un film sur une image du 16e siècle qui ne bouge pas.

 

 

 

Emanuel Licha
Cinéaste et enseignant

 

 

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