Résumé
Florence, 72 ans, chasse toute seule depuis 25 ans. Megan, 14 ans, éviscère elle-même ses proies. Hélène, 50 ans, initie huit autres femmes à la chasse chaque année. Jannie, 29 ans, a déjà abattu un cerf de huit pointes avec son arc. Julie, 36 ans, réalisatrice, chasse pour la première fois de sa vie. La pratique de la chasse est en pleine mutation au Québec. Un film de chasse de filles vous plonge dans l’univers de femmes déterminées à prendre le bois.
L'avis de Tënk
Que l’on pense au film Le temps d’une chasse de Mankiewicz ou au monumental La bête lumineuse de Perrault, les cinéastes ont montré un monde exclusivement masculin, où l’opposition entre villes et forêts, culture et nature, n’est que la toile de fond d’un questionnement plus fondamental. On s’aperçoit vite que le véritable propos de ces « films de chasse » (au Québec, c’est un genre en soi, comme le confirme le titre de cette oeuvre) est bien évidemment identitaire. Et, en ce coin d’Amérique où rien n’est jamais simple, le rapport que les hommes québécois entretiennent avec le territoire est souvent synonyme de virilité, d’amitié, d’authenticité et de liberté.
La réalisatrice Julie Lambert signe ici un premier long métrage qui questionne cette caractéristique de la masculinité québécoise (parfois toxique), définie par son rôle de pourvoyeur, tout autant capable de traquer, tuer et dépecer une bête que de franche camaraderie et de contemplation. Ce faisant, la cinéaste propose à travers une œuvre personnelle un autre rapport au territoire où elle se met en scène dans sa propre découverte de la tradition automnale de la chasse, qui prend l’allure d’un rite de passage pour les filles aussi.
Frédérick Pelletier
Cinéaste, programmateur