Ce film est un document d’archives exceptionnel, un petit traité de résistance pacifique, une leçon de démocratie radicale, un témoignage d’espoir et de solidarité par-delà les époques. Les divers·e·s acteur·trice·s qui s’expriment face à la caméra semblent nous adresser un message en provenance du passé; vous n’êtes pas seul·e·s, l’histoire de la résistance à la guerre et à l’impérialisme est riche des expériences cumulées de tous ces êtres mus par les mêmes valeurs profondes de pacifisme et de justice.

Réalisé peu après la fin de la guerre du Vietnam, les émotions sont encore vives et les cendres de l’insurrection, brûlantes. La situation actuelle résonne de façon quasi anachronique avec celle dépeinte dans le film : la puissance de la propagande, les intérêts économiques et financiers camouflés derrière des principes moraux, le paternalisme méprisant des puissants à l’égard des volontés populaires, la violence de l’État qui se déchaîne lorsqu’une réelle démocratie s’exprime, réitérant par le fait même la toute-puissance du Capital dans nos régimes « démocratiques »…

Mais ce qui me semble essentiel de retenir aujourd’hui, en visionnant le récit haletant d’un mouvement de protestation qui a enflammé les États-Unis et profondément marqué l’histoire contemporaine, c’est cette conviction que la protestation active est essentielle. Nous avons le devoir de lutter pour préserver une conception radicale de la démocratie, un véritable partage du pouvoir et des ressources dans l’intérêt commun. Les nouvelles configurations de l’ordre mondial en oligarchies meurtrières et mafieuses qui se partagent le monde pour mieux le détruire sont désormais visibles et décomplexées. Or, le pouvoir du peuple est le même, malgré les technologies guerrières et les systèmes de surveillance dystopiques. Il faut constamment se le rappeler, et c’est notamment à cela que servent ces missives venues du passé de nos camarades humain·e·s. 

Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk