Résumé
Les multiples références à ses oeuvres dans le cinéma contemporain et la reproduction intensive de quelques-unes de ses peintures ont rendu l’univers d’Edward Hopper familier à un large public. Sa figuration inclassable tisse un dialogue entre les apparences et la lumière, les évidences et les énigmes. En s’attachant à la vie personnelle de l’artiste dans le contexte de l’Amérique du XXe siècle, La toile blanche d’Edward Hopper témoigne de l’indépendance farouche d’un peintre conscient des enjeux de l’art de son temps, hostile à l’enfermement auquel pouvait le conduire un art moderne américain opposant réalisme et abstraction. Le film donne chair à l’artiste, transpose sa poésie réaliste et métaphysique.
L'avis de Tënk
J’ai toujours aimé le regard de cinéastes européens sur les États-Unis. Ils abordent la culture et le paysage états-uniens avec un regard critique acéré mêlé d’une admiration quasi enfantine, percevant le beau là où nous l’ignorons : villes secondaires, no man’s land, espaces industriels, commerces automatisés. De ces beautés américaines, ils extraient la solitude, la détresse, l’isolement et la perte d’illusions qui les habitent. Le grand rêve américain n’arrive plus à se cacher derrière ses promesses de liberté. Ici, pas de sfumato, c’est la lumière crue du follow spot qui règne. Et c’est tout l’intérêt de l’art de Edward Hopper et de ce film qui met en mouvement les mystères de ses peintures. Sans doute avais-je besoin d’un film français nourri du regard et de l’œuvre inspirés du cinéaste allemand Wim Wenders pour me faire redécouvrir Edward Hopper. Ils se rejoignent autour d’une esthétique commune, réalisant un vieux fantasme chez moi, qui était de voir se déployer les drames américains fixés sur les toiles blanches d'Edward Hopper.
Marie-Odile Demay
Productrice et conceptrice transmédia