Résumé
Un film mettant en scène l’architecte, sculpteur et musicien Nobuo Kubota dans une performance de sculpture sonore. À l’intérieur d’une structure en forme de cage remplie d’instruments de musique traditionnels et de dispositifs de production de sons fabriqués à partir d’objets et de jouets ordinaires, Kubota crée un montage auditif et visuel de notes et de bruits musicaux. Salué par les professeurs de musique comme un outil précieux pour enseigner la créativité en matière d’exploration sonore et d’innovation musicale, le film révèle les possibilités infinies de percussion offertes par de simples objets et dresse le portrait d’un artiste polyvalent dont l’imagination l’a conduit bien au-delà des limites de la musique conventionnelle.
L'avis de Tënk
Architecte, sculpteur, peintre, poète et musicien, Nobuo Kubota est un artiste interdisciplinaire canadien de renommée internationale qui demeure encore plutôt méconnu du grand public à ce jour, malgré ses nombreuses récompenses notoires, comme la réception du prestigieux Prix du Gouverneur général en 2009. Inspirées par la philosophie zen, la pensée bouddhiste, le théâtre Kabuki, et l’avant-garde occidentale, ses œuvres combinent un désir d’intégrer design et esthétisme au caractère spatiotemporel de l’expérience humaine. D’abord architecte et sculpteur pendant plus d’une dizaine d’années, il s’intéresse ensuite à la musique, et se joint à l’ensemble CCMC (Canadian Creative Music Collective) au début des années 1970, aux côtés d’un certain Michael Snow, autre artiste canadien multidisciplinaire de renommée internationale. En 1975, les membres de CCMC forment la Music Gallery à Toronto, un lieu où Kubota aura l’occasion de se produire devant public.
Le court documentaire simplement intitulé Kubota, produit par l’ONF en 1982, nous présente l’une de ses rares performances en direct, alors que les talents multiples de l’artiste convergent à l’écran lors d’un spectacle improvisé qui se déroule à même une structure métallique que le sculpteur/architecte a lui-même conçue et construite. Inspiré par le jazz libre, et les musiques expérimentales, cette performance ludique met en scène une panoplie d’instruments et d’objets du quotidien : saxophone, gongs, percussions, synthétiseurs, horloge mécanique et jouets de toutes sortes. Donnant libre cours à son imagination et à sa créativité, le musicien manipule son arsenal hétéroclite librement pour composer une musique spontanée, toute autant improbable que stimulante.
En visionnant ce court documentaire, il est difficile de ne pas penser à la fameuse citation du grand compositeur américain John Cage, qui répondait « I think laughter is preferable to tears » à ceux qui ne pouvaient s’empêcher de ricaner lors de sa performance de la pièce Water Walk à la télévision américaine en janvier 1960. Cage décrivait la musique comme étant « un jeu sans but » qui est « une affirmation de la vie — non pas une tentative de mettre de l’ordre dans le chaos ni de suggérer des améliorations dans la création, mais simplement une façon de prendre conscience de la vie même que nous vivons.¹ » La performance de Kubota en est le parfait exemple.
Frédéric Savard
Archiviste et programmateur
¹ Cage, J. (1957). Silence, Wesleyan University Press, p.12