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Disponible en location
62 min
Royaume-Uni, 2023

Production : Luke Fowler, Sarah Neely, The Modern Institute
Anglais
Français

Prix international de la SCAM · Cinéma du réel 2023

Arts



Résumé


S’appuyant sur une multitude de documents d’archives inédits, notamment des enregistrements sonores, des chutes de films et des carnets de notes non publiés, ce film se concentre sur Margaret Tait, l’une des cinéastes écossaises les plus énigmatiques. Le film reprend l’un des scénarios non réalisés de Margaret Tait comme point de départ, Being in a Place rend hommage aux forces de la méthode de Tait, à l’importance des œuvres fragmentées et à la valeur intrinsèque de l’échec.

L'avis de Tënk


Des films de Margaret Tait (1918-1999) on peut retenir notamment des personnages d’une gaieté enfantine qui de tous les âges, classes et métiers bringuebalent et baguenaudent en faisant corps avec l’humus écossais. Également : un faisceau de matières, masses et mouvements qui, par la puissance amateur du regard de Tait, engendre un dialogue charnel d’images et de sons qui disposent le spectateur à retrouver une présence soutenue aux signes les plus archaïques qui l’entourent, sans préconceptions, attentes, ni discours. Aussi, les éléments qui chantent, glissent, grimpent, s’élèvent, chutent ou s’abattent en toutes circonstances : soleil, vent, nuages, neige, glace, pluie, cours d’eau et vapeurs en tout genre qui font exhaler les villes et campagnes du pays de Tait dans de lentes et envoûtantes contractions. Une véritable incantation du présent filmé à travers le présent du spectateur (le « Où je suis est ici », du titre d’un de ses courts métrages : Where I am is here), allant bien souvent jusqu’à nous faire monter au nez l’odeur même des lieux, bien au-delà de la collection aléatoire de jolies images propres à un certain nombre de films ornementaux auxquels on pourrait injustement l’assimiler sous un label « expérimental » ou de licence poétique.

La caméra de Tait, qu’elle portait elle-même lorsqu’elle tournait, avait ce léger chancèlement non feint, non poseur, comme l’expression involontaire d’une pleine immersion de la cinéaste à la lisière de sa réalité immédiate pour y puiser sa propre poésie, ce qui en constitue probablement le principal et le plus riche aspect documentaire. Agrégeant des extraits sonores de Tait qui livre en voix off des propos précieux (notamment sur son rapport à la caméra et son attention au présent, stimulée par l’un de ses maîtres du temps de ses études à Rome), des témoignages récents de personnes qu’elle avait mises à l’écran, des images d’archives et d’anciens lieux de tournage et toutes sortes de réminiscences de ses films, Being in a Place – A Portrait of Margaret Tait est aussi traversé d’images contemporaines filmées par son réalisateur Luke Fowler dans la région où elle vivait. Avec des cadrages et des effets de transition experts, parfois confinés, comme le veut l’exercice, à un léger pastiche pédagogique qui ne retrouve pas toujours le même charme ni surtout la même rudimentaire sophistication que l’œuvre originale, Being in a Place n’en reste pas moins digne et devient progressivement de plus en plus engageant dans sa tentative intelligente de restituer l’art de Tait, comme une main habile qui se poserait sur une empreinte plus grande gravée sur une surface argileuse pour en convoquer, avant qu’ils ne s’effritent à jamais, la grâce et l’esprit originels.

 

Simon Galiero
Réalisateur, auteur et éditeur
du journal documentaire Communs.site

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