Résumé
Une semaine dans la vie de camarades est un road movie dont le voyage croise et prolonge les événements de la Rencontre internationale de la contre-culture qui a eu lieu en 1975 à Montréal. Cette rencontre, au coeur du film, donne à entendre plusieurs acteurs importants de la contreculture au Québec. Tout au long du film, ceux-ci s’activent, souvent par la création, à questionner l’évolution de leur société ainsi que de la contre-culture elle-même. On y croise entre autres Serge Lemoyne, Gilles Groulx, Pierrot Léger, Louis Geoffroy, Armand Vaillancourt, Ann Waldman, Allen Ginsberg et William Burroughs. Présenté ici dans la « version des réalisateurs » achevée en 2015.
L'avis de Tënk
Une semaine dans la vie de camarades, œuvre très peu diffusée, brosse un portrait de l’état des lieux du Québec contre-culturel et ouvrier de 1975. Excessif dans sa forme, dans sa durée (quatre heures) et son contenu, document exceptionnel d’une époque qui nous semble à la fois si loin et si proche, le film n’est pas sans rappeler, en plus éclaté et psychédélique, La nuit de la poésie 27 mars 1970 de Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Masse.
Malgré le peu de moyens dont ils disposaient, les frères Jean et Serge Gagné, héritiers du « cinéma interrogateur », pour reprendre la jolie formule de Gilles Groulx, se sont déplacés un peu partout au Québec pour filmer la réalité et capter la parole des travailleurs et des artistes d’ici. À l’instar du travail d’André Gladu, ils incorporent également prestations de chansons et musiques traditionnelles à leur documentaire.
Une semaine dans la vie de camarades montre un Québec politisé, ouvert sur le monde et conscient de sa propre spécificité, animé par une envie de discuter d’idées et d’idéaux. On trouve notamment les traces de cette vitalité extraordinaire dans l’aplomb physique et l’assurance intellectuelle de Groulx - filmé dans son étable de Saint-Antoine-sur-Richelieu! -, d’Armand Vaillancourt et de Patrick Straram.
Jean-Philippe Desrochers
Critique