Le sous-titre de ce film remarquable est « Deserting Battlefield ». Cependant, comme la narratrice l’expliquera éloquemment à l’aide des images tirées du jeu vidéo Battlefield V joué minutieusement par les cinéastes dans le but d’éviter le combat à tout prix et de produire des actions particulières des avatars pour éliciter des réactions précises des algorithmes, il est pourtant impossible de déserter ce champ de bataille virtuel. Conçu uniquement et expressément pour permettre aux gamers de « jouer » à la guerre, un jeu de guerre n’existe qu’avec pour seule intention, celle de combattre et de tuer. Impossible, donc, de choisir de ne pas prendre part aux affrontements ou de s’y opposer en lâchant son arme (qui fait partie intégrante de l’avatar comme ses bras ou ses jambes), en empêchant un autre avatar de tirer, en exécutant ses compagnons pacifistes ou couards (qui restent debout), ou même, carrément de déserter, contrairement aux guerres réelles auxquelles il est possible d’opposer toutes ces actions, même au péril de sa vie. En fin de compte, le seul moyen de s’opposer au combat est de disparaître du jeu. Une double absurdité qui souligne celle du jeu et celle de toutes les guerres réelles. Court métrage documentaire unique en son genre, sans aucune image originale tournée ou créée pour le film, mais plutôt celles générées par l’utilisation détournée d’un jeu vidéo existant, How to Disappear est une brillante déconstruction de l’acte de résistance à la guerre, et par conséquent, la magistrale et convaincante illustration d’un plaidoyer antiguerre.

Claire Valade
Critique et programmatrice