Le film commence ainsi : une grange est montée sur des roues, hissée, poussée. Elle est déplacée. Et tout au long du film, il sera en quelque sorte question de déplacement. Déplacement d’un rêve, d’un imaginaire, d’une Amérique vouée à l’éclatement; il sera question de ce pays qui – aujourd’hui plus que jamais –demeure impossible à fixer en une seule image, en quelques mots. Si raconter l’Amérique est une entreprise illusoire, si en faire le portrait est insensé, des Pallières fait jaillir de l’indisable des histoires à deviner, des lumières et des ombres auxquelles s’accrocher. Entremêlant images d’archives à des textes sur panneaux noirs, le film se fait texte, poème, mémoire. Journal fictif, le « je » employé devient le « je » de tous et de personne à la fois, l’Amérique devient un pays multiple, un pays perdu. Un pays hanté par ses fantômes, par ses mythes et ses mensonges, que des Pallières fait surgir tel un chiromancien du cinéma, tel un médium des images.

Charlotte Lehoux
Programmatrice