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91 min
États-Unis, 2003

Production : Jonathan Caouette
Anglais
Français

Sélection - Quinzaine des Réalisateurs - Festival de Cannes 2004

Mondes parallèles



Résumé


Tarnation est la contraction, en argot texan, des mots Eternal et Damnation. C’est son propre « enfer éternel » que nous raconte ici Jonathan Caouette, 31 ans. Le cinéaste collectionne des fragments de sa vie depuis l’âge de 11 ans à partir d’instantanés de films amateurs Super 8, de messages enregistrés sur répondeur et de journaux intimes filmés pour tracer le portrait d’une famille américaine éclatée par de multiples crises.

L'avis de Tënk


Troublant, bouleversant, fascinant, psychédélique, effarant, percutant, émouvant, déconcertant… Les mots me manquent.

Un film coup de poing à la fois traversé par une douceur improbable et ponctué d’électrochocs saisissants.

Un film porté par une narration incrustée à l’écran. Les faits et les années s’enchaînent en super titres surimprimés comme des marteaux piqueurs sur une vertigineuse collection d’archives audiovisuelles tout aussi troublantes que fascinantes.

Jonathan Caouette rend compte avec une puissance inouïe, des marques indélébiles d’une enfance dévalisée, torturée et détraquée par les affres d’une famille dysfonctionnelle et ravageuse. Il réussit parfaitement à traduire cette agitation, ce déséquilibre, cette aliénation qui peuvent brouiller le cerveau d’un être à la merci d’un quotidien buriné par un enfer indicible. Caouette signe ici une œuvre carrément expérientielle qui nous permet de ressentir un tant soit peu ce grand trouble qui l’habite. Nous permet de comprendre comment son esprit, son cœur, voire même son âme, ont pu sarcler un «safe space» dans lequel il se réfugie et s’anesthésie.

Il y a le legs transmis par un ADN déjà porteur d’un déraillement. Il y a les dommages collatéraux d’un entourage déréglé. Et puis il a le savant cocktail des deux. Comment s’étonner alors de tous ces Jonathan Caouette de ce monde qui se barricadent dans des univers parallèles pour composer avec l’odieux d’une enfance volée.

Un film à la croisée des chemins, entre le journal intime, le manifeste, le cri d’un cœur et l’album-souvenir. Un film qui bouleverse et dérange. À voir absolument, ne serait-ce que pour mieux comprendre ces âmes à la dérive d’une société combien trop bardée de préjugés et d’à priori face aux troubles de la santé mentale.

J’en suis sortie avec une seule envie, prendre Jonathan dans les bras, le bercer, lui murmurer que tout va bien aller, même si je sais profondément bien que les ravages sont abyssaux et que ça prendrait plus d’une vie pour les réparer.

 

 

 

 

 

 

 

 

Virginie Dubois
Cinéphile, d’abord et avant tout
Productrice à temps perdu

 

 

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